Mais comment aborder cette montre, peut-être la plus célèbre au monde alors que tout a été dit et redit depuis la présentation de sa dernière version au cours de l'édition 2016 de Baselworld? Peut-être tout simplement en prenant un peu de recul.
Je dois avouer que lorsque je la découvris en mars, je suis tombé immédiatement sous son charme. A la base, je suis un fan de Rolex. Pour une simple et bonne raison: parce que je ne connais pas une marque qui offre une telle homogénéité de qualité. Vous prenez deux montres au hasard venant d'être produites, vous pouvez être quasi sûr qu'elles fonctionneront de façon identique. L'exigence, le souci du détail, les process de fabrication, l'état d'esprit tourné vers l'efficacité, tous ces éléments forgent la réputation de Rolex. Pourtant, cela ne suffit pas. La qualité s'apprécie sur la durée mais il faut une étincelle à la base pour qu'une montre séduise. Et j'ai trouvé cette étincelle dans la nouvelle Daytona acier à lunette céramique noire.
En fait, il y a une sorte d'équilibre qui se crée avec cette montre qui offre plusieurs paradoxes la rendant ainsi passionnante. Le premier de ces paradoxes concerne son rendu visuel. D'un côté, elle dégage un sentiment de raffinement, d'élégance accentué par le superbe rendu de la lunette Cerachrom. De l'autre, la finition du boîtier (sans oublier l'alternance polie et brossée du bracelet) lui donne un côté plus exubérant et ostentatoire. J'aime beaucoup cette opposition car la montre semble en permanence passer d'un univers à l'autre.
Le deuxième paradoxe concerne son atmosphère. La lunette noire joue sur ce point aussi un rôle important. La Daytona 116500LN apparaît à la fois inspirée par les modèles du passé du fait de la couleur de cette lunette mais elle est résolument contemporaine. Les finitions, l'architecture et les performances du mouvement 4130, la qualité perçue ne laissent planer aucun doute: elle est bel et bien le fruit des derniers développements de Rolex.
Le troisième paradoxe me vient à l'esprit en observant les deux modèles de ce cru 2016. Mon point de vue a évolué depuis Baselworld. Lors du Salon, la version blanche m'a immédiatement séduite du fait notamment du contraste entre la lunette et le cadran. Je la trouvais d'ailleurs plus élégante que la version noire qui m'apparaissait comme plus sportive. Et puis... mon point de vue a changé. J'ai revu les deux montres côte à côte il y a quelques jours et mon coeur penche nettement pour la noire. Au départ, je la trouvais... trop noire! Et puis maintenant j'apprécie particulièrement sa discrétion, le cerclage des compteurs et le fait que cette dominante sombre réduise sa taille perçue. J'ai dorénavant la conviction que c'est la version noire qui est la plus élégante et la version blanche, la plus sportive et décontractée. Je pense aussi que la version noire est moins lassante sur le long terme. Un véritable virage à 180 degrés de mes sentiments qui prouve que cette montre est plus subtile et plus complexe qu'elle ne le laisse supposer.
Le quatrième paradoxe est inhérent à Rolex. Quand on analyse froidement la Daytona 116500LN, il apparaît que peu de détails changent par rapport à la version précédente. Les fondamentaux demeurent: le diamètre (40mm), l'organisation du cadran, le mouvement, les poussoirs... et je pourrais en citer d'autres. Et il suffit de quelques modifications pour que l'aspect général de la Daytona soit totalement transformé. Ce constat est valable pour la très grand majorité des montres Rolex. Les différentes versions qui se succèdent confirment que la marque est en constante évolution mais rarement en révolution. Ce changement dans la continuité est rassurant, plaît à la clientèle et Rolex parvient à insuffler une personnalité propre à chaque version. Une sorte d'alchimie que seule la marque à la couronne semble capable de maîtriser.
Le dernier paradoxe est lié à la clientèle de la Daytona. Ce chronographe aux poussoirs vissés est résolument masculin et le mythe autour de cette montre ne fait que renforcer cet état de fait. Mais la Daytona est aussi une des Rolex favorites de la clientèle féminine. Son équilibre, son confort, sa polyvalence séduisent beaucoup les femmes et les derniers modèles à lunette céramique noire ne dérogent pas à la règle. Je trouve d'ailleurs que la version noire est idéale sur un poignet féminin du fait de la sensation de diamètre plus contenu. Et comme j'adore les femmes qui portent des montres masculines, je ne peux que me réjouir de ce pouvoir d'attraction qu'exerce la Daytona sur la gent féminine!
Montre aux multiples facettes, la Daytona acier de 2016 s'avère être une réussite. J'ai finalement expliqué pourquoi à partir d'éléments qui peuvent être perçus comme subjectifs. Après tout, la perception de l'esthétique, l'émotion qu'une montre suscite sont des critères qui peuvent considérablement varier d'une personne à l'autre. C'est peut-être un tort de ma part mais j'ai laissé de côté les points qualitatifs objectifs comme la certification Superlative Chronometer, les performances du mouvement 4130 à la réserve de marche appréciable de 3 jours et qui est équipé d'un spiral Parachrom antimagnétique, l'efficacité du fermoir Oysterlock... C'est finalement un ultime paradoxe. Le sérieux de la conception, la rigueur de la fabrication, les caractéristiques techniques irréprochables, pourtant indispensables au plaisir du porter quotidien apparaissent presque anecdotiques face au charme et au pouvoir de séduction d'un design maîtrisé et intemporel. Il faut se rendre à l'évidence, Rolex fait mouche une fois de plus et la Daytona acier de 2016 se révèle à la hauteur de sa réputation.
Parfaite sur un poignet féminin, la Daytona reste une icône de l'horlogerie masculine:
Les plus:
+ le rendu de la lunette céramique, à la fois élégant et légèrement ostentatoire
+ les performances du mouvement 4130
+ le confort au porter
+ la polyvalence de la montre, à l'aise en toutes circonstances
+ le rapport qualité/prix
Les moins:
- le cadran toujours un peu bavard
- les poussoirs vissés, compréhensibles compte tenu de la polyvalence de la montre, n'en demeurent pas moins une incongruité du point de vue pratique
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